đŸ•Żïž Le silence

Ce n’est que lorsque le silence retrouvera son sens de paix,
ce n’est qu’alors que je saurai ĂȘtre sorti de la forĂȘt.
Ce n’est que lorsque le silence retrouvera son sens de paix,
ce n’est qu’alors que je saurai ĂȘtre sorti de la forĂȘt.

Ils ont essayé de réécrire mon histoire,
de la déformer, de la vider,
de la raconter comme si je n’avais jamais Ă©tĂ© lĂ .
Ils m’ont enlevĂ© la voix,
assignĂ© des rĂŽles que je n’ai pas choisis,
traité de coupable sans preuve,
de danger sans vérité.
Et maintenant, morceau par morceau, ils tentent d’effacer tout cela :
ma dignité, mon identité, mon rÎle de pÚre.
Me réduire au silence.

Mais je suis encore lĂ .
Je suis la voix que vous n’avez pas Ă©teinte,
la mémoire qui résiste,
la vĂ©ritĂ© qui s’écrit toute seule,
mĂȘme dans le silence.

Ils m’ont tendu un piùge :
ciseaux placés stratégiquement,
provocations subtiles,
attentes suspendues,
regards calculés,
manipulations silencieuses.
Puis ils ont racontĂ© leur version —
une version habile, destinée à devenir loi,
une vérité judiciaire fabriquée.
Une histoire qui avait besoin d’un coupable
pour absoudre ceux qui avaient semé le poison.

Et ils ont réussi : ils ont construit le monstre,
avec un récit taillé sur mesure,
imposé au monde comme réalité.
Et oui, je l’admets : j’ai frĂŽlĂ© l’idĂ©e de leur faire plaisir.
De devenir ce qu’ils voulaient :
un homme détruit, en colÚre, désespéré.

Ils m’ont poussĂ© Ă  bout, isolĂ©,
versĂ© du poison dans l’ñme.
Mais ils ont échoué.
Parce que cette transformation ne m’appartenait pas.
Je ne suis pas cela.
Je ne l’ai jamais Ă©tĂ©.
Et la vérité trouvera son chemin.

J’ai rĂ©sistĂ©.
J’ai vu l’abüme.
J’ai senti le vide.
Mais j’ai tenu le pas, de toutes mes fibres,
avec chaque goutte de conscience.

Et maintenant je me demande :
combien d’hommes n’y sont pas parvenus ?
Combien sont tombés ?
Brisés.
Silencieux.
Effacés.

Le systĂšme a besoin de monstres.
Il se nourrit de douleur.
Il se justifie dans la destruction.
Plus il brise, plus il s’autoabsout.

Mais je raconterai.
Je raconterai mĂȘme si le monde est sourd.
Parce que quelque part, quelqu’un entendra.
Un seul, sur huit milliards.
Et je le rejoindrai.

Parce que tant qu’il existe un seul cƓur capable de ressentir,
mon histoire ne sera pas perdue.
Et pas plus que mon humanité.

La vérité est ma force.
Et un jour, vos mensonges seront appelés par leur nom.

Aujourd’hui le monde vous applaudit.
Vous m’avez piĂ©tinĂ©.
Mais un jour le temps parlera.
Et il vous mettra face au miroir.
Vous qui avez détruit le passé,
sĂ©duits par le mythe de l’accomplissement.
Vous avez amputé la vie, croyant bùtir le bonheur
sur le malheur de l’autre.

Et Ă  ces vestales de l’autorĂ©alisation

vous ĂȘtes-vous jamais demandĂ© ce qu’elles vous ont rĂ©ellement donné ?
Sinon destruction, séparation, dislocation.
Sous les mots vides, il ne reste que le désert.

Et pour que mes nuits blanches, ma douleur,
n’aient pas Ă©tĂ© vaines

je continuerai avec ma vérité
jusqu’à mon dernier souffle.

Ce n’est que lorsque le silence retrouvera son sens de paix,
ce n’est qu’alors que je saurai ĂȘtre sorti de la forĂȘt.

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