L’absence 🕊️

Nuit du 04 mai 2025

C’est justement dans ces nuits sans sommeil, sans paix, que la respiration devient plus haletante, plus irrégulière, plus lourde. Comme si le corps, dans l’obscurité, se souvenait qu’il manquait quelque chose de vital. Comme si le manque s’installait dans les poumons, et de là montait au cœur, à la tête, aux yeux qui ne parviennent pas à se fermer.

J’ai compris trop tard combien ce que j’avais était précieux. Non pas parce que je ne l’aimais pas. Mais parce que l’amour, lorsqu’il est mêlé à la quotidienneté, se confond avec l’habitude. On le vit sans le crier, on le respire sans en avoir conscience, comme l’air.

Puis l’air manque. Et la panique commence. Et chaque pensée devient un besoin. Et chaque silence pèse comme un rocher.

Aujourd’hui, chaque geste d’amour est une tentative de recommencer. De dire « je t’aime » de mille façons, comme si le temps pouvait revenir. Mais le temps ne revient pas. L’absence, elle, revient. Chaque jour. Elle revient, ponctuelle, cruelle, définitive.

Je suis désolé de ne l’avoir compris que comme ça. De cette manière. Si extrême. Si douloureuse. Si humaine.

C’est peut-être comme la jeunesse. Quand on la vit, on ne perçoit pas combien elle est lumineuse, unique. On la traverse comme une saison quelconque, distrait, convaincu qu’elle durera toujours. Et puis, quand elle n’est plus là, on la regrette avec une nostalgie mordante.

Ainsi est la présence de mes enfants. C’était ma saison heureuse. Et je ne le savais pas. Ou peut-être que si, mais pas assez. Pas comme maintenant. Maintenant que chaque nuit s’étire comme un hiver. Maintenant que chaque silence pèse plus que mille mots. Maintenant que mon amour ne suffit plus à les garder proches.

⟵ Retour aux Poèmes de l’exil